Le Rhizome est un espace social en construction dans Hochelaga-Maisonneuve, quartier parmi les plus pauvres de Montréal. Nous nous y sommes installéEs comme beaucoup de nos camarades pour participer à la transformation sociale, créer des liens et des échanges, apporter de nouvelles expériences; bref, mettre nos idées libérantes en pratique. Il contient un vaste espace de visionnement, de discussions, d’ateliers, de conférences (…), une bibliothèque, une infothèque, des archives, une cuisine… Nous existons déjà comme un lieu d’expression sociale, culturelle, artistique et politique, présentant différents événements, des expositions, des visionnements, des forums de discussions, des ateliers, des rencontres … Nous désirons faire de cet espace un lieu de l’expression humaine en général, de conscientisation et de transformation. Situé au 1800 Létourneux, coin Lafontaine, au métro Pie IX (Montréal)

28.1.07

Rhizome en 3D



Ce texte est extrait de « Rhizome », titre de l’introduction du livre de Gilles Deleuze et Félix Guattari Mille Plateaux, Capitalisme et schizophrénie 2, paru aux Éditions de Minuit en 1980. Il figure pages 30 et 31.
Résumons les caractères principaux d’un rhizome : à la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents et même des états de non-signes. Le rhizome ne se laisse ramener ni à l’Un ni au multiple. Il n’est pas l’Un qui devient deux, ni même qui deviendrait directement trois, quatre ou cinq, etc. Il n’est pas un multiple qui dérive de l’Un, ni auquel l’Un s’ajouterait (n + 1). Il n’est pas fait d’unités, mais de dimensions, ou plutôt de directions mouvantes. Il n’a pas de commencement ni de fin, mais toujours un milieu, par lequel il pousse et déborde. Il constitue des multiplicités linéaires à n dimensions, sans sujet ni objet, étalables sur un plan de consistance, et dont l’Un est toujours soustrait (n - 1). Une telle multiplicité ne varie pas ses dimensions sans changer de nature en elle-même et se métamorphoser. À l’opposé d’une structure qui se définit par un ensemble de points et de positions, de rapports binaires entre ces points et de relations biunivoques entre ces positions, le rhizome n’est fait que de lignes : lignes de segmentarité, de stratification, comme dimensions, mais aussi ligne de fuite ou de déterritorialisation comme dimension maximale d’après laquelle, en la suivant, la multiplicité se métamorphose en changeant de nature. On ne confondra pas de telles lignes, ou linéaments, avec les lignées de type arborescent, qui sont seulement des liaisons localisables entre points et positions. À l’opposé de l’arbre, le rhizome n’est pas objet de reproduction : ni reproduction externe comme l’arbre-image, ni reproduction interne comme la structure-arbre. Le rhizome est une antigénéalogie. C’est une mémoire courte, ou une antimémoire. Le rhizome procède par variation, expansion, conquête, capture, piqûre. À l’opposé du graphisme, du dessin ou de la photo, le rhizome se rapporte à une carte qui doit être produite, construite, toujours démontable, connectable, renversable, modifiable, à entrées et sorties multiples, avec ses lignes de fuite. Ce sont les calques qu’il faut reporter sur les cartes et non l’inverse. Contre les systèmes centrés (même polycentrés), à communication hiérarchique et liaisons préétablies, le rhizome est un système acentré, non hiérarchique et non signifiant, sans Général, sans mémoire organisatrice ou automate central, uniquement défini par une circulation d’états. Ce qui est en question dans le rhizome, c’est un rapport avec la sexualité, mais aussi avec l’animal, avec le végétal, avec le monde, avec la politique, avec le livre, avec les choses de la nature et de l’artifice, tout différent du rapport arborescent : toutes sortes de « devenirs ».

1 commentaire:

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Commentaire de Miguel

Ce que j'aime, dans cette animation, c'est quand les différentes "branches" du rhizome originel se lient entre elles, détruisant du coup la fonction de l'ancien "centre". Des liens qui ne mènent qu'à d'autres liens... On pourrait dire alors qu'un amas de liens devient à une plus vaste échelle un nouveau "point", un centre, mais ce même point aura alors tendance à se lier à d'autres. Si on veut les analyser, on s'arrête quelque part, mais aucun endroit n'est la vérité des rhizomes, puisqu'ils bougent sans cessent.

Je me demande quel genre d'application politique pourrait résulter de ce genre de concept. Comment "ça" marcherait. Je crois que les réflexions révolutionnaires à venir devront répondre à cette question, ne serait-ce que parce que les réseaux de communication (bref, dans un sens marxien, notre lieu historico-technique), eux, fonctionnent comme ça...